
Hello à tous !
En ces temps de confinement qui commencent à peser sur notre moral, je vous invite à un voyage virtuel à défaut de pouvoir nous envoler loin d’ici. Je suis partie en Egypte pendant trois semaines en juillet-août 2015, avec mon amoureux qui est égyptien par sa mère et burkinabé du côté de son père. Voyager avec une personne qui connaît bien le pays, sa langue et ses codes est un énorme avantage : je me suis sentie en sécurité, presque en terrain connu, et j’ai pu apprécier une immersion plus profonde qu’il n’aurait été possible lors d’un voyage organisé par un tour-opérateur. Nous avions prévu un circuit touristique à deux (Le Caire, Louxor, Hurghada) puis un court séjour familial à notre retour au Caire pour rendre visite à sa mère et ses proches. Je vous parle aujourd’hui du Caire et de sa région car le sujet est trop vaste pour un seul article, d’autant que la sélection a été difficile parmi les 1600 photos collectées !

1. Premières impressions
L’été n’est peut-être pas la saison idéale pour visiter l’Egypte mais c’était un impératif de notre calendrier, et j’avais déjà séjourné dans des pays chauds comme l’Inde et le Burkina Faso. Le Caire est la plus grande ville du Moyen-Orient et la 2ème d’Afrique après Lagos (Nigeria). C’est une agglomération étendue et très polluée : 40% des déchets ne sont ni collectés ni traités, le système de tout à l’égout est défaillant, sans parler de l’eau du robinet contaminée au mercure. Enfin, un voile de pollution recouvre l’atmosphère en permanence, si bien qu’il est difficile de percevoir le bleu du ciel… Votre séjour se passera bien avec les précautions d’usage (boire de l’eau minérale en bouteille, ne pas manger de crudités). Dans mon sac à dos, j’avais toujours ma trousse à pharmacie essentielle (gel antibactérien, désinfectant, antiseptique intestinal, dosettes de lavage oculaire, etc…).

Le Caire présente une grande diversité architecturale, entre la ville historique qui comprend les vieux quartiers copte et islamique, le centre ville plus récent à l’urbanisme européen situé aux alentours de la Place Tahrir où l’on peut admirer des immeubles et villas au charme délabré (d’inspiration française ou anglaise datant de la fin du XIXème siècle), les artères commerçantes, bâtiments administratifs et hôtels de luxe construits le long de la rive orientale du Nil. Dans la partie ouest de la ville se trouvent les quartiers résidentiels, l’Université du Caire, le jardin zoologique, et les nouveaux quartiers gagnés sur le désert pour accueillir les Cairotes aisés, au détriment de la rénovation des quartiers du centre où vivent les classes populaires dans des logements vétustes voire dangereux. Au milieu du Nil trône l’île de Gezira : Zamalek est le quartier prisé par les touristes et les expatriés où l’on trouve l’Opéra du Caire, de nombreux bars, restaurants, espaces verts et centres commerciaux.



2. Place Tahrir
Centre névralgique du Caire moderne, sa construction débuta dans les années 1860 sous le règne du khédive Ismaïl Pacha, sur le modèle haussmannien avec de larges avenues bordées d’arbres et d’immeubles. Elle abrite des bâtiments emblématiques comme le Musée Égyptien, l’hôtel Nile Hilton, l’Université américaine du Caire ou le Mogamma, édifice administratif de style soviétique dépendant du Ministère de l’Intérieur. En janvier 2011, la place Tahrir est devenu le symbole de la révolution égyptienne qui conduisit à la chute du président Moubarak et à une libéralisation du régime, après plusieurs semaines de manifestations et de grèves. Le tribut est lourd : plus d’un millier de morts, 9000 blessés et des centaines de disparus. Lors de notre passage, on y remarquait encore une forte présence policière et de vastes travaux d’aménagement sont actuellement en cours pour effacer toute trace des événements.




3. Musée Égyptien
Le Musée Égyptien du Caire a été inauguré en 1902 après plus de cinq ans de travaux, sur les plans de l’architecte français Marcel Dourgon. De style néo-classique, il abrite environ 160.000 objets couvrant 5000 ans de l’histoire égyptienne, répartis sur deux niveaux. Le rez-de-chaussée propose un parcours chronologique à travers les diverses dynasties (monnaies, papyrus, bas-reliefs, statues monumentales, statuettes, sarcophages). Les collections du premier étage sont regroupées par tombes ou catégories, et présentent notamment le mobilier funéraire et les bijoux royaux des grands pharaons du Nouvel Empire (de -1550 à -1069 av. J.C.) comme Thoutmôsis III, Amenhotep IV (Akhenaton) et Ramsès II, provenant de la Vallée des Rois. Le musée renferme bien évidemment le splendide trésor de Toutânkhamon, étape incontournable de cette visite !

Il est interdit de prendre des photos mais j‘ai souhaité immortaliser quelques-uns de ces trésors (sans flash je précise)… et je n’étais pas la seule. Cette visite fut pour moi très émouvante (on parle des ancêtres de mon chéri 😀) : j’avoue avoir été plusieurs fois submergée par l’émotion devant tant de beauté et de délicatesse. J’ai toujours adoré l’égyptologie (je l’ai d’ailleurs étudiée dans le cadre de ma licence de Lettres Modernes) mais admirer ces merveilles « pour de vrai », après les avoir découvertes enfant dans la bibliothèque de mes parents, était saisissant.



4. Mosquée Al-Azhar
Située dans le vieux quartier islamique, c’est une des plus anciennes mosquées du Caire, fondée en 970 sous le règne du calife fatimide Al-Muizz li-Dîn Allah. Elle a subi plusieurs rénovations et ajouts au cours des siècles : la cour intérieure et le dôme datent de l’époque fatimide (XIIème siècle), les trois minarets du sultanat mamelouk (XVème siècle), les portails en pierre de la période ottomane (XVIIIème siècle). La cour centrale pavée de marbre est bordée d’arcades recouvertes d’ornements en stuc, surmontée d’un bandeau à motif d’étoiles coiffé de créneaux triangulaires. C’est un lieu de recueillement chargé d’histoire où règne une agréable sensation de paix. Depuis 988, la mosquée abrite une université (madrasa) très réputée où l’on enseigne théologie, droit et littérature arabes.




5. Mosquée Al-Hussein
Considérée comme l’un des sites les plus sacrés d’Egypte, la mosquée Al-Hussein est située entre la mosquée Al-Azhar et le vieux souk Khan El-Khalili. A l’origine, c’est un mausolée construit en 1154 sur le sanctuaire de l’Imam Al-Hussein, décapité en Iraq lors de la bataille de Karbala en 1153, et dont la tête fut ramenée au Caire. Sa forme actuelle date de 1874 lorsqu’elle fut reconstruite par le khédive Ismaïl Pacha (1830-1895) dans un style éclectique d’inspiration néo-gothique, mêlant architecture ottomane et gothique italienne. Dans la cour, trois auvents en forme de parasols géants protègent les fidèles du soleil ou de la pluie. Les photos de l’intérieur ont été prises par mon chéri car les non-musulmans ne sont pas autorisés à entrer.




6. Pyramides de Gizeh
Situé dans le désert à environ 15 km à l’ouest du Caire, le plateau de Gizeh regroupe les pyramides de Khéops, Khéphren et Mykérinos ainsi que le Grand Sphinx. Leur construction remonte à la IVème dynastie de l’Ancien Empire entre -2580 et -2530 av. J.C., sous les règnes respectifs du pharaon Khéops, de son fils Khéphren et de son petit-fils Mykérinos. Elles sont constituées de millions de blocs de granite rose provenant d’Assouan, recouverts d’un parement de calcaire poli aujourd’hui disparu, mais encore visible au somment de celle de Khéphren. Faisant partie d’un vaste complexe funéraire comprenant divers temples, mastabas et tombes, les pyramides renferment chacune une infrastructure intérieure complexe faites de galeries, couloirs et antichambres menant aux appartements funéraires du pharaon, dans le but de tromper et/ou décourager les pilleurs de tombes.

Khéops, la plus grande des trois pyramides, est le seul ouvrage qui subsiste des Sept Merveilles du monde antique. Le Sphinx fait partie du site funéraire de Khéphren : son corps et sa tête ont été taillés à même la roche calcaire, ses pattes ont été façonnées en maçonnerie et blocs de calcaire rapportés. Je vais certainement manquer d’originalité en vous disant qu’on se sent insignifiante devant de telles réalisations, autant par leur dimension monumentale que par l’ingéniosité et le labeur qu’elles ont nécessités : c’est comme si quatre millénaires et demi d’humanité dans toute sa splendeur vous contemplaient. Et malgré la chaleur accablante, ce fut une visite très symbolique qui me laisse un souvenir aussi impérissable que le Taj Mahal lors de mon voyage en Inde en 2005.




7. Une petite faim ?
Il est très aisé de se nourrir pour quelques euros, à toute heure du jour et de la nuit, aussi bien dans les restaurants, les troquets et même dans la rue où vous trouvez de nombreux vendeurs ambulants. Hormis les crudités et la pastèque (souvent lavée à l’eau), vous pouvez tout manger sans crainte. Le mieux est de privilégier les plats grillés, bouillis ou en sauce qui ont passé de longs moments sur le feu. Les ingrédients les plus répandus dans la cuisine égyptienne sont les fèves, pois chiches, courgettes, aubergines, le riz et la viande d’agneau. Le plat national est le foul, une bouillie de fèves servie chaude avec de l’huile et du citron, agrémentée de diverses épices : accompagné du pain arabe en forme de galette (aish baladi), c’est le petit-déjeuner traditionnel des Égyptiens car il est calorique, long à digérer et surtout très peu cher.

Un autre plat très populaire (et très copieux !) est le kochari : c’est un mélange de riz, macaroni, lentilles brunes, oignons frits et sauce tomate. Le meilleur est à déguster au restaurant Koshary Abou Tarek sur la rue Champollion, dans un environnement propre et authentique pour un prix imbattable (environ 2,00€ avec une canette de soda).



8. Artisanat
Un séjour au Caire ne serait pas complet sans un passage au grand bazar Khan El-Khalili, dans le vieux quartier islamique, qui compte environ 900 échoppes. Il attire bien évidemment les touristes, mais c’est aussi un lieu authentique fréquenté par les Égyptiens eux-mêmes. En terme de souvenirs et d’artisanat, il y en a pour tous les goûts : bijoux en or ou argent (vendus au poids), épices, parfums, tissus, luminaires, instruments de musique, etc… Sachez que le marchandage est une coutume locale, il est presque mal vu de ne pas négocier les prix ! J’ai beaucoup aimé la visite des parfumeurs où l’on trouve des senteurs merveilleuses (jasmin, œillet, fleur de lotus, violette, gardenia), ainsi que des mélanges au nom évocateur (Cléopâtre, Néfertiti, Arabian Nights, Reine d’Egypte, Parfums du Harem).




9. Scènes de la vie
Comme je l’ai écrit dans l’introduction, mon amoureux a profité de ce séjour pour passer du temps avec sa mère qui vit au Caire 6 mois dans l’année. C’était la première fois que je rencontrais ses proches (tantes, oncles, nièces et neveux) et j’ai pu m’imprégner de la vie quotidienne d’une famille égyptienne typique. Ils voyaient ma venue comme un petit événement, et chacun a tenu à nous inviter à tour de rôle pour boire le thé oriental ou partager un copieux dîner ! L’hospitalité et le sens de l’accueil sont ancrés dans la culture arabe, même les parents les plus modestes se mettaient en quatre pour nous faire honneur. Ainsi, j’ai passé du temps avec les femmes à la préparation des repas, même si mon statut d’invitée me privilégiait quelque peu. La barrière de la langue était un problème, mais la générosité et l’authenticité de toutes ces personnes m’ont beaucoup touchée…

Comme de nombreux peuples orientaux et méditerranéens, les Égyptiens passent beaucoup de temps à l’extérieur : dans la rue, les cafés, sur le seuil des maisons. Dans les quartiers populaires, les familles s’installent souvent dehors avec table et chaises pour manger dans les ruelles étroites au sol de terre battue. Un moyen de fuir la chaleur et la petitesse des habitations… Les hommes se retrouvent au café pour boire un thé à la menthe ou un café au gingembre tout en partageant une partie de dés, activité très répandue au même titre que les dominos et les cartes à jouer.



J’espère que cette découverte du Caire hors des sentiers battus vous a plu. Je vous donne rendez-vous dans quelques semaines pour la suite et fin de mon voyage où je vous emmènerai à Louxor et à Hurghada sur la mer Rouge.
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Je vous souhaite une bonne reprise pour la semaine prochaine, n’oublions pas néanmoins de rester vigilants face au Covid-19. C’est peut-être la fin du confinement mais pas la fin de l’épidémie…!
Bon week-end à tous
Agnès
De superbes photos. Ça donne envie de partir.
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Merci beaucoup Nathalie 😍 Ravie que l’article t’ait plu…
Bises et bon week-end ! 😘
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